- lésine
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• 1604; it. lesina « alène », à propos d'avares qui raccommodaient eux-mêmes leurs souliers♦ Vx ou littér. Épargne sordide jusque dans les plus petites choses. ⇒ avarice, ladrerie, lésinerie, pingrerie. « La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps » (Baudelaire). ⊗ CONTR. Générosité, prodigalité.Synonymes :- avarice- ladrerie (littéraire)- pingrerie (familier)⇒LÉSINE, subst. fém.Fait d'épargner sordidement jusque sur les plus petites choses. Synon. avarice, ladrerie, lésinerie, pingrerie; anton. générosité, prodigalité. Il est d'une lésine qui passe toute imagination (Ac. 1935). C'était l'heure où parmi le froid et la lésine S'aggravent les douleurs des femmes en gésine (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p. 179). Fort pauvre d'esprit d'ordre et de suite, insoucieux des affaires, je passais sans cesse de la dissipation à la lésine, pensant réparer par celle-ci les fautes de celle-là (MILOSZ, Amour. invitation, 1910, p. 33) :• 1. On roule pendant une heure au milieu de ses faubourgs interminables, entre des façades ouvrières, toutes pareilles à celles de la banlieue de Marseille, aussi sales, aussi tristes, aussi pauvrement édifiées par la hâte et la lésine.T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 32.— Au fig. Synon. de mesquinerie; anton. générosité, profusion. Hello était si peu artiste que d'adorables légendes déteignent dans ses doigts quand il y touche; la lésine de son style appauvrit les miracles et les rend inermes (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 40). La mauvaise hygiène, cette longue retraite confinée au fond des appartements (...) les avaient rapidement réduits; mais la lésine morale avait fait plus encore (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 202) :• 2. Mlle Verne (...) régit la paroisse; et, contre la majorité du village, qu'elle hait et qui le lui rend sans lésine, elle dirige, d'un verbe impératif, le clan de résistance réactionnaire que toute église groupe dans son ombre.MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1039.Prononc. et Orth. : [lezin]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1609 Lezina « épargne sordide » (M. RÉGNIER, Stat. XI, 338 ds Œuvres, éd. G. Raibaud, p. 146); 1610 lésine (DEIMIER, Acad. de l'art poét., p. 103 d'apr. Y. LE HIR ds Fr. mod. t. 23, p. 130). Empr. à l'ital. lesina, proprement « alène » (v. ce mot), attesté ds Della famosissima Compagnia della Lesina, titre d'une satire de la fin du XVIe s. où l'auteur, Vialardi, décrit une société d'avares qui, réparant eux-mêmes leurs chaussures, avaient pris pour emblème une alène; la trad. fr. de cette satire parut en 1604 sous le titre La Contre-Lésine. V. FEW t. 15, p. 17a; BATT., et HOPE, p. 290. Fréq. abs. littér. : 24. Bbg. HOPE 1971, pp. 290-291. - KOHLM. 1901, p. 48. - SAR. 1920, p. 53. - VIDOS (B.E.). Archivum Romanicum. 1930, t. 14, p. 135.lésine [lezin] n. f.ÉTYM. 1604 (1618, selon T. L. F.), dans un titre traduit de l'ital. la Fameuse Compagnie de la lésine, compagnie d'avares qui raccommodaient eux-mêmes leurs souliers et avaient pris pour emblème une alêne; ital. lesina « alêne » (de cordonnier).❖♦ Vieilli ou littér. Épargne sordide jusque dans les plus petites choses. ⇒ Avarice, épargne, ladrerie, lésinerie. || Honteuse lésine (→ Famélique, cit. 4, Boileau). || Lésine sordide (⇒ Sordidité). || Maison construite avec lésine. → Parcimonie, cit. 2.1 (…) l'on n'est point plus ravi que (…) de faire sans cesse des contes de votre lésine (…)Molière, l'Avare, III, 1 (→ Avare, cit. 14).2 La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,Occupent nos esprits et travaillent nos corps.Baudelaire, les Fleurs du mal, Au lecteur.3 Tout sentait la lésine, même le foyer. De l'âtre, où vivotaient péniblement deux souches maigres, le feu ne détachait qu'une chaleur avare.H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 100.❖CONTR. Générosité, prodigalité.DÉR. Lésiner.
Encyclopédie Universelle. 2012.